Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
La Plume de Merle

Ca fait des semaines, des mois, des années que j'en crève Ca y est je me lâche, j'y fonce droit et je cède ; Et même si personne n'apprécie, Et même si ce que j'écris est pourri, Je me lance pour de bon, Plus peur des remarques et des affronts ; Je tremble un peu certes De m'jeter dans cette gueule grande ouverte, Mais je suis tellement embêtée De devoir trouver un nouveau cliché De ma face illuminer d'un sourire Comme prétexte pour publier ce qui m'fait guérir ; Je m'enchante de donner vie à ce blog Qui me hante comme une envie de drogue, Mes poèmes et chansons sont ici pour vous Dégustez, recrachez ou gardez-en un bout ; Comme on dit par coutume, je vous laisse quartier libre Je retourne à ma plume, reprendre mon équilibre ; Enfin quand les mots sous la mine déferlent C'est sous le pseudo - acronyme : Merle.

Plume blanche

Publié le 19 Mars 2020 par Merle in galère, interrogation, secrets, souffrance, écrire, syndrome de la page blanche

Plume blanche

C'est sans doute la vocation du romancier, devant cette grande page blanche de l'oubli, de faire ressurgir quelques mots à moitié effacés, comme ces icebergs perdus qui dérivent à la surface de l'océan.

Patrick Modiano

Elle a pris son stylo

Avec une envie avide de mot

Mais rien n’est venu

La mine toisant le papier, suspendue

 

Elle a patienté quelques instants

A épelé des mots qu’elle trouvait marrants

A gommé au moins six fois

Puis a fermé le carnet avec désarroi

 

Plus un mot, plus une lettre pour cette poète

Plus rien ne sort, malgré l’encre qui guette

Comme si plus rien n’était trop beau

Ou que le moche faisait facho

 

Manque-t-elle de printemps ou d’été

Pour s’émerveiller sur le papier ?

Est-ce l’automne ou l’hiver

Pour qu’hibernent ses vers ?

 

Rien, toujours rien

Elle procrastine pourtant bien

Espérant que chaque jour qui passe

Fera renaître sa plume qui s’encrasse

 

Comme une enclume dans le cœur

Elle se sent couler dans les profondeurs

L’encre qui faisait ruisseler sa vie

S’est fait ancre qui l’alourdit

 

Est-ce le temps ou la volonté

Qui lui manquent pour s’y atteler ?

Est-ce des plaies encore suintantes

Qui la retiennent, qui la hantent ?

 

Une énième vague de larmes

L’engloutit et la désarme

Et tant pis pour l’heure et la fatigue,

Il est temps pour elle qu’elle navigue

 

C'est son stylo boussole

Qui de nouveau la console

Elle a pour toute lanterne

La langue de Jules Verne

 

Son carnet abîmé par l’émotion

Témoigne par ses pages, de sa passion,

De son cœur meurtri, toujours à l’affût,

Au silence trop soumis, et qui n’en peut plus

 

Semblant être calmée, elle se masse la main

Et relit, harassée, les mots de son chagrin

Au loin dans le miroir, je reconnais une perle

Revenue dans son regard, comme la gaieté d’un merle. 

Le 18 mars 2020

Commenter cet article