En France on parle quelquefois de l’agriculture, mais on n’y pense jamais.
L'agriculture ne sert plus à nourrir les populations, mais à produire des devises.
Le paysan meurt de faim et son maître de gourmandise.
La nuit règne encore
Mais déjà, il est dehors.
Malgré le froid, la pluie
Il a déjà quitté son lit.
Elles l'attendent, ses bêtes
Elles écoutent, elles le guettent.
Début d'une longue journée
Qui s'achèvera bien tourmentée.
Mais si seulement ce n'était que le soir
Que se manifestait le désespoir :
Il est là dès le matin
Et tout le jour il le tient.
La nuit, malgré le peu de sommeil
L'insomnie le tient en éveil.
Alors oui, il les aime ses vaches,
Mais au-dessus de sa tête, y a comme une hache.
Une épée de Damoclès
Qui l'inquiète, le met en pièce.
Il l'aime son travail
Mais c'est lui qui devient bétail.
Les industries le persécutent
Le poussant chaque jour vers la chute :
L'esclavageant, lui donnant les miettes
De tous ces mets dans leurs assiettes.
Payé à coup de lance pierre,
Multipliant les vaines prières,
Combien de temps gardera-t-il la face ?
Restera-t-il à la surface
Alors qu'on le maintient sous l'eau ?
Il croule sous les dettes et le boulot :
A peine de quoi sortir un salaire
Et encore une paie de misère.
Normes, taxes,
On lui marche sur le thorax.
29 centimes le litre de lait,
On remue le couteau dans la plaie.
Puis un matin, les vaches attendent
Après le bruit sourd qu'elles viennent d'entendre.
Plus de dettes, plus de soucis ?
Surtout plus d'angoisse, et plus de vie.
Le 03 novembre 2016