Depuis des années, je vibrais de lui poser des questions sur l'Algérie. Par peur de sa réaction, je n'ai jamais osé. Puis un jour j'ai écris des questions, en vrac sur une feuille, ne sachant pas si j'oserais ou pas lui poser. Et l'occasion s'est présentée et il m'a raconté... Il n'a pas tout dit... Pas encore... Mais la suite n'est plus loin. Ce genre de souvenirs il faut les bichonner, les faire passer de génération en génération. Ouvrir l'oreille, prendre le temps et surtout enregistrer ou réécrire ! Je dédis ce poème à mon grand-père, qui lui aussi, a vécu les horreurs de l'Algérie et a su m'ouvrir son coeur.
Les obus, c'était pas grave les obus. C'est les mines qui étaient dangereuses.
La guerre est la souffrance des humbles, le divertissement des puissants.
On y va, on rit
Avec nos copains, nos vieux frères, nos amis
On voyage ! On r'viendra, ce s'ra bintôt fini !
On fait ça pour notre pays, contre l'Algérie
Après des heures de voyage
On débarque sur les plages
Alger dans le soleil levant
Est magnifique, resplendissant !
On est comme des gamins
Devant ses femmes au drôle de teint
Et ces paysages à couper le souffle
Mais cette mission qui nous étouffe
Début des souffrances, les cris, la violence
Des femmes, des hommes, des enfants
Tombent sous les tiraillements
La mort de nos amis…
Nous sommes des furies
On veut les venger,
Et on se remet à tuer
Mais rien ne va en aboutir
On s'en souviendra comme des martyrs
On n'a pas voulu la guerre
On nous a enchaînés à cette galère
Là-bas, fini les bonnes manières
On sait qu'au fond, tout le monde a souffert
N'y a-t-il que nos bons hommes
Ceux qui nous ont jetés là-dedans
Ceux qui nous prennent pour des pommes
Qui refusent de salir leurs mains de sang ?
La victoire fut la leur
Et aussi notre plus grand malheur
Honteux d'avoir perdu cette guerre,
Honteux de rev'nir sans nos frères
Mais qu'allait dire nos vieux grands-pères ?
Ils ne dirent rien car ils savaient
Les tortures subies et faites
Nous avions été faits prisonniers
De la guerre, nous étions ses bêtes
Enragés, mutilés
Nos cœurs encore plein de douleur
Oui, nous étions ceux qui avaient subis
La terreur de l'Algérie.
Décembre 2012 (+ modifications Février 2015)