Les portes sont grandes ouvertes à ceux qui font choix de chercher à se connaître. Mais passé le seuil, le parcours devient périlleux, miné de toutes ces choses que nous refusons de croire, de nos blessures qui grondent à l'unisson. Les ronces de la vie laissent des cicatrices que nous ne voulons pas voir.
La poésie est à la fois une cachette et un haut-parleur.
Il existe au fond de moi une petite trappe
Dont personne ne connaît l'existence
Elle est cachée entre des joies, des farces et attrapes
Des pas de son(1) et des moments d'ennivrance(2)
Je n'y cache pas grand-chose
Je ne l'ouvre que rarement
Je préfère la laisser close
Mais elle m'échappe à certains moments
Bien souvent c'est la nuit
Quand tout en moi est sombre
Son contenu me détruit,
Se recache et ne laisse que mon ombre
Quand je me retrouve
Je recommence à empiler
Pour ne plus qu'elle s'ouvre
Des moments doux, des joies, des idées
Des fois je rajoute des prières
Pour que la trappe soit cadenassée
Et que ma route s'éclaire
J'retrouve cette cave un peu vidée
Plus les jours passent,
Plus son contenu s'évapore
Les idées noires s'y lassent
Et ne me font plus de tort
Un jour peut-être
Je pourrais enlever les planches
De cette cachette secrète
Où des fois je me penche
Ou peut-être sous le poids des beaux souvenirs
La vieille trappe ploiera et cédera
Ecrasant ces émois qui m'ont fait ternir
Empêchant qu'il ne s'échappe de nouveau en moi
Alors sous l'ancienne trappe qui crisse
Après avoir tout balayé
On ne trouvera qu'une cicatrice
Qui une fois pour toute ne pourra plus suinter.
Mai 2015
(1) le son (à prononcer "sonne") est une danse cubaine, ancêtre de la salsa
(2)ce mot est un néologisme... un mot inventé quoi ! Il caractérise les moments de bonheur, les moments grisants qui donnent cette impression d'être ivre (mais pas trop !)